La Monarde
Sa beauté vous hypnotise, son parfum vous envoûte, ses arômes vous enchantent…
Thé d’Oswego, thé de Pennsylvanie, thé rouge, mélisse d’or, monarde écarlate, chevelure du diable, monarde didyme, cette plante se cache derrière de nombreuses dénominations. Le genre Monarda compte plus d’une quinzaine d’espèces vivaces et annuelles, toutes nord-américaines, parmi lesquelles la Monarda didyma L, la Monarda fistulosa, la Monarda citriodora et la Monarda Punctata.
Plante de la famille des Lamiaceae, la Monarde doit son nom à Nicholas Monardes, médecin et botaniste espagnol né à Séville vers 1493. Après des études à l’université d’Alcalá, il obtient son titre de docteur en 1533. Il publie plusieurs livres, mais son œuvre la plus importante est « Historia medicinal de las cosas que se traen de nuestras Indias occidentales » publiée en trois parties en 1565, 1571 et 1574. Il y présente les plantes inconnues qui arrivent du Nouveau Monde. Son ouvrage sera traduit en Latin par Charles de l’Ecluse en 1574 et en anglais par John Frampton en 1577.
Il faudra cependant attendre le 18e siècle pour que Charles Linné donne son nom à la Monarde, en l’honneur de Nicholas Monardes, et en particulier 1774 pour que John Bartram, explorateur, botaniste et horticulteur envoie à un collègue britannique, les graines d’une plante découverte dans un endroit nommé Oswego, le long du lac Ontario. Les feuilles de la plante étaient alors écrasées pour en faire du thé. A cette époque, le thé aromatisé à la bergamote italienne de Bergame était très populaire en Angleterre. Bientôt, les Anglais allaient remplacer le thé à la bergamote italienne, par le thé à la Monarde didyma dénommée « bergamote douce », bien moins chère que le précieux agrume italien.
En Amérique du Nord, elle était connue depuis longtemps par les différentes tribus indiennes, qui l’utilisaient comme boisson et comme remède. La tribu d’Oswego a donné son nom à la tisane faite à base de monarde didyme, que les colons ont rapidement adoptée.
Le fameux thé d’Oswego a même remplacé le thé traditionnel suite aux événements de la « Tea Party » de Boston le 16 décembre 1773. A cette époque, les futurs États-Unis ne sont encore que les treize colonies américaines de la couronne britannique, soumises à l’impôt de leur métropole. Cette soumission à l’impôt, entérinée par le Stamp Act de 1765, est d’autant plus mal perçue que les citoyens des colonies américaines ne sont pas représentés au parlement de Westminster. Le thé, produit sans doute le plus taxé à cette époque, devient le symbole de la discorde grandissante entre les sujets américains et le gouvernement britannique. Et lorsque ce dernier autorise la Compagnie anglaise des Indes orientales à être exemptée de taxes pour la vente de son thé en Amérique (Tea Act de 1773), au détriment des négociants locaux (parmi lesquels nombre de contrebandiers), la colère des Américains explose et un appel au boycott du thé de la Compagnie est lancé.
Le 16 décembre 1773, entre trente et cent-trente Bostoniens, selon les sources, certains déguisés en Amérindiens de la tribu des Mohawks, montent à bord de trois navires et, en trois heures, déversent à la mer le contenu de 342 caisses de thé. Cet évènement, certes symbolique, est considéré aux États-Unis comme fondateur de la Révolution américaine et précurseur de la Guerre d’Indépendance qui suivit.
Plante notoire de la pharmacopée amérindienne, la monarde pourrait être considérée comme la cousine américaine des thym, sarriette et autre origan. En Europe, on l’utilise principalement comme herbe aromatique, comme tisane de plaisir et comme plante décorative dans les jardins.